Dans le chapitre précédant, nous avons
démontré que les Pères d’Eglise de toutes les régions de l’Empire romain et dès
les écrits les plus anciens attestent la mort de Jésus sur une croix avec
traverse. Nous avons aussi signalé que
les Pères d’Eglise ne mentionnent jamais le simple poteau comme instrument de
supplice.
Alors se pose la question comment Fulda
peut se permettre d’écrire que « de nombreuses déclarations des premiers
Pères d’Eglise » appuient la mort de Jésus sur un simple poteau ?
Fulda explicite ses arguments dans les
paragraphes 343 – 355, qui se trouvent de la page 221 – 229 dans son livre. (1)
1) Une
première citation provient de Minucius Felix, père Nord-Africain décédé vers
l’an 220. Nous
formulons deux
observations :
a) La
citation qui se trouve § 343 (lignes 5 – 7) aborde la croix des païens, pas la
croix de Jésus. Il n’y dit pas que Jésus
serait mort sur un poteau.
b) Fulda
ne donne pas la suite du passage citée qui se trouve dans son livre
« Octavius » (27.7-8) : « Pour le « signe de la
croix », aucun doute : la réalité l’offre à nos regards dans le
navire qui file avec ses voiles gonflées, … et de même un homme qui adore Dieu
avec un cœur pur, les mains étendues. » L’auteur compare la forme de la
croix au mât du navire avec sa vergue, et à un homme qui étend ses mains pour
prier. Pour Minucius Felix la croix de
Jésus est clairement une croix avec traverse ! (2)
Ainsi, Fulda lit
dans une seule phrase isolée son idée préconçue, tout en excluant la suite du
passage qui met en évidence l’avis contraire.
L’auteur allemand manifeste deux problèmes : il impose son idée
préconçue au texte et n’interprète pas le texte dans son contexte.
2) En
deuxième lieu il cite Tertullien (§ 344, p. 222), notamment sa phrase dans son
livre Contre
Marcion III.19.5 : « (Christus) tam insigniter
est. » Nous avons mis « (Christus)
entre parenthèse, car le titre du Seigneur ne se trouve pas dans le texte original. Traduction en Français : « d’une
façon aussi remarquable ». Ce qui
est « une façon aussi remarquable » pour Tertullien est que la mort
de Jésus-Christ se soit exactement accomplie selon les prophéties. Il cite le Psaume 21 (où 22 selon la numérotation
de chaque Bible) : ce qui est remarquable, c’est la précision de son
accomplissement. Fulda place la citation
de Tertullien dans un tout autre contexte : la défense de la croix contre
le poteau.
oooooooooooooooooCarthage aujourd'hui, oooooooooooooooooooo là où Tertullien vit il y 1800 ans |
Encore une fois,
Fulda sort le texte de son contexte et impose son idée préconçue !
3) En
effet, Fulda prend les preuves des Pères d’Eglise pour la croix avec traverse comme
indication qu’ils combattaient ceux défendaient le simple poteau. C’est donc leur conviction pour la croix avec
traverse qui est la preuve de l’existence du poteau de supplice ! (3)
Fulda n’a aucune
affirmation des Pères d’Eglise en sa faveur, son approche n’a aucun fondement,
est purement spéculative !
Dans cette
approche, Fulda se trompe aussi de sujet : le zèle de Tertullien est
tourné contre les Marcionites, son objectif est de démontrer que le Christ de
Marcion n’est pas celui de la Bible. L’objectif
de Tertullien n’est pas de contredire un mouvement pour le poteau, mouvement
dont l’existence n’a jamais été démontrée.
Même si Fulda a
raison de poser des questions par rapport à l’herméneutique de Tertullien (§
349, p. 226 – 227), la conviction du Père de l’Eglise pour la croix avec
traverse reste un fait, dans les textes il n’y a pas la moindre indication de
la mort de Jésus sur un simple poteau.
Fulda argumente
4) Les
seuls auteurs cités d’avant le milieu du 3e siècle sont Minucius
Felix et Tertullien. A peine le nom de
Justin Martyr est mentionné, sans citation de texte. Fulda ne fait aucune référence aux écrits des
Pères apostoliques ou autres auteurs du 2e siècle dont nous avons
donné les noms et des citations explicites pour la croix avec traverse.
Résumé :
Fulda
n’avance aucune citation des premiers Pères qui se déclarent en faveur de la
mort de Jésus sur un poteau.
Notes :
(1)
Das Kreuz und
die Kreuzigung, H. Fulda, Breslau 1878.
Consulté via le lien :
(2)
Octavius
29.8, Minucius Felix, Jean Beaujeu, Paris 1964, p. 51
(3) Fulda
écrit : « dans le soin des preuves de nombreux Pères d’Eglise pour la
croix complexe de Jésus et dans le zèle, avec lequel ils se déclarent opposés
au poteau simple, se trouve un signe très clair que beaucoup à cette époque se
sont encore représenté la crucifixion plus simple de Jésus. » (§ 344, les
6 premières lignes)